vendredi 24 mai 2013

Suspendue, entre deux vies.

C'est l'impression que j'ai ces derniers mois. Je suis suspendue, dans le vide, en attente de la suite. La santé de mon père est plus que fragile. Tant du côté physique, que mental. Le père que j'avais il y a 15 ans, il semble n'être plus qu'un souvenir. Je ne le reconnais pas et ces changements ont bouleversé notre relation.

J'ai commencé par être stupéfaite face à ses changements de comportement et je me suis éloignée peu à peu. Puis, sa santé déclinant, j'ai bien dû me rapprocher, à reculons, en gardant toujours un bras de distance, avec une colère dans le coeur, parce que je le croyais responsable de ce qu'il devenait.

En quelques mois, entourée de mon oncle, ma tante et l'Homme, il a fallu prendre des mesures pour le protéger et un déménagement s'imposait. J'espérais que ce serait la solution miracle, mais je savais bien que ça risquait de n'être que le début de bien des complications. Je ne m'attendais toute fois pas à ce que ce soit aussi violent comme départ.

Le jour du déménagement, aidée par trois amis tellement généreux, j'ai tenté de l'installer du mieux possible, dans cette résidence qui lui offrirait un encadrement sécuritaire, une alimentation équilibrée et peut-être aussi un contact humain qu'il n'avait plus en restant enfermé dans son grand appartement, tout seul avec son ordinateur et sa télévision, jour après jour. Pendant que l'on passait une journée de fou à le déménager, lui, n'avait qu'une idée en tête, retrouver son internet et sa bouteille de vin... Toute la journée, il appelait pour savoir si on avait fini... La frustration prenait de plus en plus de place en moi et quand il est venu nous rejoindre, je ne voulais rien d'autre que partir au plus vite.

La suite fut pire, rien ne le satisfaisait il voulait retourner à son appartement, je suis devenue la méchante qui l'enfermait, j'étais son ennemi. Jusqu'au cataclysme deux mois plus tard, alors qu'il explosait en larmes, parce que les idées qu'il s'était mis en tête était pire que tout ce que je pouvais imaginer. L'aide de sa travailleuse sociale était essentielle pour lui faire comprendre que j'étais là pour lui, mais que j'avais mes limites et qu'il devait être patient car on voulait tous l'aider, mais qu'il fallait d'abord évaluer ses besoins pour trouver la meilleure place pour lui.

Je ne peux même pas raconter tout ce que cette maladie fait à sa vie, mais juste le fait d'être la fille de cet homme qui perd  son inhibition, c'est pénible. J'ai du mal à rester près de lui, je ne sais plus de quoi lui parler, je n'arrive pas à raisonner avec lui, je suis tellement impuissante face à toute cette situation!

En février, il a commencé une évaluation en Psycho-Gériatrie, assez tôt, l'hypothèse de Démence Fronto-Temporale a été soulevée. Vous pouvez deviner que mon clavier fut assailli assez vite à la recherche d'informations. Ce que j'ai trouvé m'a donné tout un coup au coeur, la colère a laissé place à la peine et la pitié. Il ne voit pas ce qui lui arrive, il tente de s'accrocher à une vie qu'il n'a plus, il ne sait pas qu'il n'est plus le même. Il ne comprend pas qu'on tente de l'aider, il ne comprend plus grand chose à sa vie.

Il y a deux semaines, il a été hospitalisé, au bord du coma diabétique, il ne semble plus trop savoir comment gérer ses traitements. L'alcool qui est devenue l'une de quelques obsessions pour lui, empire le tout et je dois dire, que je suis soulagée de le savoir à l'hôpital. Je peux respirer pendant qu'on est en suspens entre les problèmes et le danger puis le diagnostique qui, je l'espère, viendra bientôt. Est-ce que ça changera quelque chose? Est-ce qu'on pourra le protéger de lui-même bientôt? Est-ce que la nouvelle résidence qu'il a choisie répondra vraiment à ses besoins?

Pendant qu'il est à l'hôpital, il est calme et résigné. Il accepte sa situation, mais ne comprend pas vraiment ce qui se passe. J'ai la chance d'avoir un oncle en or qui porte toute la famille sur ses épaules. Sans lui, je ne sais pas comment j'aurais réussi à garder les idées claires. À deux, on arrive à faire la lumière sur ce qu'il nous dit, à faire la différence entre son délire et la réalité. On se partage la peine et le découragement, on se soutient.

J'ai trouvé cet article qui décrit exactement ce que l'on est entrain de vivre. http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=1068

Sur ce, je ne dis plus à demain, mais je reviendrai!

4 commentaires:

  1. Mon Dieu!! Après avoir lu ton post, j'ai lu l'article attachée à ton lien... Ouf! Je t'envoie des ondes positives. Bon courage! C'est vraiment terrible comme maladie... Courage!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Cora, oui, c'est terrible, incompréhensible, de la torture au quotidien. :(

      Supprimer
  2. Câlins pour amie.Je suis avec toi.
    Jx

    RépondreSupprimer
  3. C' est ce qu'on appelle "la vie" avec ses joies et ses pleurs.

    RépondreSupprimer