mercredi 10 juillet 2013

Repose en Paix

Ça y est, cet après-midi, après peut-être trop longtemps, on a enfin emmené mon père à son dernier repos. Il rejoint sa maman, ils ne sont pas très loin de son papa. Cette mise en terre, sans grande cérémonie, me semblait détonner radicalement de la célébration des funérailles que nous avons eu pour lui samedi dernier.

Samedi, je lui ai rendu hommage, en lisant un texte que j'avais écrit. En fait, c'était l'un de deux, car je n'arrivais pas trop à décider quel ton je devais adopter. Après les avoir fait lire à quatre personnes, j'y suis allée avec le plus personnel, celui qui m'a donné grandement l'occasion de refouler des sanglots en le lisant.

Perdre mon père, ça signifie aussi, que je ne peux pas lui demander ce qu'il a pensé de mon texte, ni de la cérémonie d'aujourd'hui. Qu'a-t-il pensé, de la musique que j'ai choisie, de notre petite réunion autour d'une bière après. Et la photo que j'ai déposée à côté de la boîte qu'on a achetée. Et la lecture de sa Princesse, et celle de SaJulie... Le rôle de ses deux grands petits-fils, de son fils, de son gendre.

J'ai fait de mon mieux, pour lui dire le plus beau des au revoir, pour rappeler ce qu'il était. Mais, son absence, définitive comme seule la mort peut l'être, me laisse un vide, comme une incertitude, parce qu'il ne peut pas me répondre.

Je suis une fille insécure... voilà ce que je suis, et aujourd'hui, plus que jamais. C'est peut-être pourquoi j'ai envie de vous faire lire ces deux textes... Et de demander à ceux qui y étaient, ce que vous en avez pensé. Je dois dire, que je croyais que la mise en terre m'aiderait à trouver la conclusion de ce chapitre. Mais, non, je ne me sens pas mieux, j'ai juste un feeling de vide.

Alors, voilà, par quel texte commencer? Le plus froid? D'accord.
Mon père,
la première chose que j’ai envie de dire de lui, c’est que J’étais sa fille préférée. Il me l’a tellement répété. Ça m’a pris du temps à arrêter de trouver ça niaiseux, mais j’ai fini par vraiment l’apprécier.
Aujourd’hui, c’est ce qui m’a aidé à traverser cette épreuve et c’est ce souvenir que je garde au fond de mon cœur.
Je peux aussi dire que Ses souliers ont beaucoup voyagé.
Qu’il a ri à gorge déployée, bien bu et bien mangé.
Q’il a rêvé et philosophé.
Q’il a appris, enseigné et raconté. Que ses mains ont caressé et réconforté.
Que son cœur a connu l’amour et l’amitié.

Et que c’est maintenant l’heure pour lui de se reposer.

Merci d’avoir fait partie de sa vie.

Brrr, je crois que je ne l'aime pas vraiment, il me semble vraiment froid, expéditif et... tellement loin de moi. J'imagine que c'est la raison pour laquelle je ne l'ai pas choisi.

Et l'autre maintenant, celui peut-être trop personnel... Ah, si j'étais experte en funérailles...
Mon Père,
Il avait des amis à la tonne, il connaissait tout le monde.
Quand j’étais petite, j’étais impressionnée, de le voir saluer tellement de gens, partout où on allait. Les dernières années, j’avais l’impression que ça lui arrivait moins souvent. Que la maladie l’avait assez changé, pour lui enlever cette caractéristique dont il était si fier et ça me faisait de la peine. C’est maintenant qu’il n’est plus là, que j’ai la preuve qu’il n’avait pas changé à ce point et ça me fait du bien.
Mon père,
Il avait sa manière de nous démontrer son amour à mon frère et moi, en nous disant qu’on était son fils préféré et sa fille préférée. Ça me semblait niaiseux quand j’étais plus jeune, mais plus maintenant. À force de me faire répéter que j’étais Sa Fille Préférée, j’ai bien fini par le croire et comprendre la valeur de ce que ça impliquait.  Je sais que je l’entendrai toujours me le répéter et ça aussi, ça me fait du bien.
Mon père,
Ça me déchirait de le voir dépérir, c’est pourquoi une partie de moi remercie le ciel d’avoir exaucé mes vœux et de l’avoir emporté avant qu’il ne souffre trop. Mais ça laisse quand même l’autre partie de moi qui est complètement anéantie de ne pas avoir eu assez de temps, de ne pas avoir vu venir.
Mon père,
Il est parti trop tôt, il n’aura pas eu le temps de voir tout ce qu’il voulait voir, de faire tout ce qu’il voulait faire, de raconter ce qu’il avait à raconter de voir grandir mes enfants et leurs enfants.... J’imagine que s’il le pouvait, il nous dirait qu’il est parti parce qu’il fallait aller coucher les p’tits!
Mais, moi, je crois plutôt qu’il a fait un deal avec le bon Dieu qui lui a promis de lui redonner son permis au paradis…

Oufff, celle là, je trouve qu'elle manque de finesse... Mais je dois vivre avec, car c'est fait , déjà, c'est du passé . Présentement, je me dis que la vie, en temps de crise, ce n'est pas là où on a le temps ou la force, de trouver la perfection. On fait ce qu'on peut, avec l'énergie, l'émotion, la force qu'on a à ce moment précis.

J'ai l'impression d'avoir eu plus de contrôle de mes émotions... Ou plutôt, le soir de son décès, je me suis laissée aller à mes émotions, et en préparant ses funérailles, j'ai essayé de faire ce que je devais faire, mais sans trop savoir ce que c'était. Voilà, psychanalyse faite... Écrire, c'est vraiment bon pour l'âme!

J'ai quand même encore un vide en moi...


Sur ce, je vous dis peut-être, mais sûrement pas, à demain.

3 commentaires:

  1. C'est un très beau texte et je suis sur très difficile a lire .C'est trop triste de perdre un père si jeune.C'est un morceau de notre chair qui s'en va mais c'est la vie et un jour notre tour viendra c'est la loi de notre Dieu.

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  2. "L'important n'est pas de réussir, ce qui ne dure jamais, mais d'avoir été là, ce qui est ineffaçable" (Jacques Maritain)

    "N'aie pas peur que ta vie touche à sa fin, crains plutôt qu'elle n'ait jamais commencé." (Cardinal Newman)

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  3. Oh, merci pour ces messages, je ne sais comment ils se retrouvent publiés, alors que je ne les ai même jamais vus, mais merci! Même si tard après, ce vide nouveau me prend le coeur et je suis souvent encore pleine d'incompréhension face à ces dernières années.

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