lundi 19 août 2024

Traverser la tempête

 Ça y est, août est enfin arrivé, je m'accroche à sa venue depuis octobre dernier. Août 2024 représente la fin de la tempête imposée, c'est maintenant que LesIntrus cessent de nous assaillir et que l'on reprend le contrôle de nos possessions, de notre maison. 

Je ne sais pourquoi, mais LesIntrus ont clairement une idée préconçue de notre réalité. Ils sont majoritairement très hostiles et nous ignorent, ou nous passent des commentaires négatifs à propos du fait qu'on a trop de choses selon eux.

LesIntrus entrent chez nous comme une armée de malotrus, mettent des tapis sales et mouillés pour protéger les plancher et le tapis dans les escaliers. Ils prennent nos possessions toutes bien classées et les éparpillent dans des boîtes, défaisant notre organisation, brisant nos objets de façon tellement volontaire que c'en est risible. Nos boîtes sont pour eux une poubelle où ils se plaisent à jetter leurs rouleaux de ruban vides, leurs bouteilles de gatorade vides. Ils emballent avec deux grandes feuilles, un bouchon de liège et vont massacrer nos livres, anéantir nos tasses, multi-prise, bols de céramique, cloche à gâteau en alluminium de ma grand-mère, abat-jour métallique. Ils vont arracher patte d'armoire, huche de bibliothèque, se servir de nos coussins comme parapluie. 

LesIntrus vont même mettre le feu à notre maison, défoncer des murs, ils en riront et s'en iront sans doute continuer le massacre chez quelqu'autre famille de Verdure qui tentera de survivre à la tempête imposée à son tour. 

LesIntrus vivent leur petite vie sans essayer de comprendre, d'apprendre, ce qu'est notre vie. On a choisi d'accepter d'être déracinés, on a accepté de devoir rebâtir notre vie, perdre des amis, être loin de notre famille. Mais eux, on n'a pas choisi de se les faire imposer. Leur attitude, les pertes matérielles, les dommages et le stress qu'ils nous imposent, on a pas choisi ça. On doit tout quitter et recommencer dans une nouvelle ville, une nouvelle maison qui ne correspond pas à nos besoins, parce qu'on arrive encore une fois dans une ville où le coût de la vie est plus élevé que la dernière. On essaie de garder le plus de choses possible pour éviter d'avoir à racheter à nouveau, armoires, crochets, lampes, rideaux, tablettes, électroménagers. 

Dans mon CoconNo1, j'avais TheDivan, TheFrigo, mais dans le CoconNo2, TheFrigo ne rentrait pas dans la cuisine, il fut relégué au garage, parce qu'il était inconcevable pour nous de devoir nous en départir. Dans le CoconNo3, le nouveau, plus PetitTheFrigo ne rentrait pas, encore une fois, mais on a trouvé une solution, GéantVert a coupé une armoire pour qu'il puisse rentrer dans son trou et qu'on n'ait pas encore une fois à en racheter un. TheDivan est aussi trop grand pour le salon du CoconNo3, mais là, on va vivre avec, même si c'est laid, même s'il dépasse de l'espace salon. Parce qu'on ne peut pas toujours se racheter des meubles! Parce que NON, être Verdure ne vient pas avec un budget rachat valeur à neuf parce que tu t'en vas recommencer ta vie ailleurs et que ce n'est pas ta décision. 

LesIntrus sont partis, mais les dommages demeurent. On est blessés, on doit se battre pour un semblant de justice, parce qu'il y a toujours bien des limites! Nos possessions resteront brisées, je garderai toujours le souvenir de mon mari qui sort de la maison avec une boîte en feu dans les bras, suivi d'un de LesIntrus crampé de rire au téléphone. De l'odeur de fumée pendant des jours dans le sous-sol, jusqu'à ce que je réalise que mon abat-jour était ruiné par la fumée. 

Et je dis plus jamais, je sais qu'il ne faut jamais dire jamais, mais plus jamais, s'il vous plaît, plus jamais traverser cette tempête imposée remplie de LesIntrus qui prennent plaisir à saccager nos vies.

Sur ce, je vous dis à bientôt! D'ici là, on va continuer d'essayer de nous rebâtir un chez-nous qui nous ressemble. 


lundi 24 juin 2024

L'Eau

 J'aime l'eau, j'aime la boire. Qui m'a déjà vu sans ma précieuse gourde? J'aime la regarder, la sentir tomber sur moi, j'aime me sentir flotter en elle, j'aime la toucher, j'aime l'écouter, qu'elle tombe du ciel ou qu'elle se fracasse sur les berges. 

J'ai parfois l'impression d'avoir été une sirène dans une autre vie. Quand je flotte, quand je suis submergée, je ressens un tel élan du coeur, une euphorie, un soulagement comme si je rentrais à la maison. Comme si je retrouvais mon grand amour. 

Sur ou dans l'eau, je suis en confiance, je suis en paix. 

Depuis deux ans, j'ai retrouvé le bonheur de pagayer. Après avoir atteint un point de non retour lors d'un séjour au Parc Provincial Presqu'ile, j'ai fait l'aquisition de ma première embarcation, gonflable pour son côté pratique et peu coûteux. Malgré son désintérêt initial, mon GéantVert a rapidement eu la piqûre et après une sortie au Parc Provincial Frontenac, il a souhaité faire un investissement sur du solide. C'est ainsi que le printemps suivant, nous faisions l'achat de nos embarcations en polyéthylène, couleur Ciel pour lui et pour moi, ma BananeAquatique. 

C'est un gros morceau que de vivre ici nous aura apporté, vivre si près de l'eau, la nature qui est maîtresse du rythme de nos vies, été comme hiver, ça change certaines perspectives, ça a changé notre mode de vie. Je repars d'ici avec ma BananAquatique et une nouvelle façon de découvrir mon nouvel environnement.

J'ai déjà une liste de plans d'eau où je souhaite aller la faire voguer. 

Sur ce je vous dis à bientôt, en vous laissant sur une photo prise au Parc Provincial Presqu'ile lors de notre séjour la fin de semaine dernière. Le Bonheur!

mercredi 12 juin 2024

Repartir à zéro

Repartir à zéro n'était pas mon plus grand souhait. Intrinsèquement, je suis plus du genre à bâtir sur du long terme, à m'enraciner profondément et pour longtemps. Du à tout jamais, une vision de l'avenir qui progresse tranquillement. Je trouve mon bonheur là où je suis et avec mon GéantVert, j'essaie d'améliorer mon Cocon couche après couche, pour être toujours un peu plus satisfaite et fière de ce que nous avons bâti. 

Mais depuis 2018, mes racines les plus profondes ont été sectionnées. Ma vie de sédentaire s'est transformée en vie de nomade. Dans cette province un peu plus à l'Ouest, nous avons fait de cette maison, notre Cocon2.0. Nous avons découvert la région, avons essayé, sans vraiment réussir, à comprendre le système d'éducation. Nous avons compris qu'ici, ce n'est pas comme Chez-Nous et pas seulement parce qu'ils ne parlent pas notre langue. Maintenant que nous devons repartir à zéro pour la seconde fois, je n'ai pas mal de quitter. Notre enracinement ne s'est fait qu'en surface. Je crois qu'on peut dire qu'on s'est adaptés, mais certains iritants persistent et bien que MaFenêtreAvecVue et MonParadisDesOiseaux vont me manquer au plus haut point, quelque chose en moi me dit que la fraîcheur un peu plus au Nord nous fera le plus grand bien. 

Je commence déjà à m'imaginer vivre dans cette maison, elle a des lacunes qui me frustrent vraiment beaucoup, mais je peux déjà lui trouver certains avantages. Je dois me rappeler de ma réaction première, en entrant dans cette maison, c'était un soulagement, c'était un gros oui. C'est en réfléchissant que les lacunes apparaissent, mais comme je dis toujours, s'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème.

Alors, oui, nous vivrons des frustrations, mais, à cinq, nous réussirons à trouver les solutions et de cette maison imparfaite, nous ferons notre Cocon3.0.  

Sur ce, je vous dis à bientôt pour la suite de ce redépart à zéro.

lundi 13 mai 2024

Un posting et une pandémie plus tard...

C'est dans une petite ville portuaire d'une province un peu à l'ouest du Québec que j'écris ces lignes. 

La dernière fois que j'ai laissé ma trace ici, nous vivions une période très désagréable et je me reconnais bien dans cet absence, la souffrance, la peine m'amènent au silence. C'est peut-être justement ce changement dans mes émotions qui me donne envie de refaire courir mes doigts sur le clavier aujourd'hui, ou est-ce plutôt le chant du Huard? 

Si on récapitule un peu, 2017 fut l'année où nous n'avons PAS vendu notre Cocon tant aimé. Nous avons abandonné la tentative de vente après quelques mois. Le GéantVert s'installa donc seul à l'Ouest, sans savoir si nous irions le rejoindre un jour. C'est en 2018 que les astres et les BonsAgents se sont alignés pour nous amener vers notre Cocon2.0. Vendre à Québec, pour acheter à Kingston, ce n'était pas une mince affaire et nous pouvons nous considérer vraiment chanceux d'avoir trouvé notre ParadisDesOiseaux. 

Cette AventureOntarienne nous aura permis de renouer avec la nature, ici, nous vivons au son des oiseaux, plus d'AlléeDuTonnerre derrière la maison, mais un ParadisDesOiseaux, une vue magnifique à l'avant, mon allée d'arbres, mes merveilleux couchers de soleil. Ici, les pelouses jaunissent en été et on s'en fiche, ici, on ne tond pas en mai et c'est merveilleux. Ici, il y a des lapins qui dévorent les plates bandes et la base des cêdres, la visite quotidienne du cardinal, des geais bleus, des mésanges, de trop nombreux oiseaux pour tous les nommer, des anges de neige, des jours de don, le stationnement gratuit en ville à partir de 17h30 et le dimanche toute la journée. Ici, le CoconMobile2.0 fait la tournée des Parcs Provinciaux, on fait de la randonnée, du Kayak et on est fous des oiseaux.

Ici, j'ai renoué avec mes pinceaux, mes crayons et fait la connaissance d'artistes incroyables. Mais les amitiés, les amitiés sont restées Chez-Nous. C'est ce que je trouve le plus difficile ici, pour créer de réèlles amitiés, je dois être Moi, et mon Moi anglo, il n'est pas tant Moi... Et l'art des conversations légères n'étant pas ma grande force... C'est d'autant plus difficile de créer des liens. 

En Août dernier, une vague nous a renversés, nous avons réalisé qu'il était temps pour nous de reprendre la route. Ma plus grande crainte quand nous avons déménagé ici, c'était qu'un jour, les Minis, quitteraient le nid et s'ils quittaient à partir d'ici, où se poseraient-ils? À quel point la vie nous séparerait géographiquement? Moi qui avait cru rester pour toujours dans mon Cocon vers lequel mes Minis convergeraient pour toutes les fêtes, tous les dimanches si j'étais chanceuse, m'expatrier me laissait dans une incertitude face à l'avenir qui me donnait le vertige. 

En Août dernier, j'ai réalisé que c'était maintenant ou jamais, qu'il fallait sauter sur cette vague, car, par miracle, nous serions tous libres de voguer vers la même rive à l'été 2024. À l'origine, on retournait Chez-Nous, c'était le plan, mais la vie nous réservait encore quelques surprises. Le GéantVert se fit offrir une option différente, monter en grade et se déplacer un peu plus au Nord. Cette option avait toujours fait partie de notre plan, mais selon ce plan, il s'y déplacerait seul, pour deux ans puis reviendrait terminer sa carrière dans cette petite ville portuaire. Mais la vague nous avait soulevés, notre tête était déjà en route vers un nouveau port, maintenant ou jamais. 

Le déchirement de quitter mon ancrage et mes amis n'est pas encore guérit. Je ne sais pas si un jour je m'en remettrai vraiment. J'ai espoir que ce nouveau posting me permettra de me retrouver un peu plus, tout au moins, pouvoir un peu plus vivre dans ma langue maternelle. 

C'est en juillet que nous lèverons l'ancre, nous suivrons la rivière Rideau pour nous installer sur le bord de la rivière des Outaouais. Notre Cocon3.0 sera situé dans un quartier plus francophone, à mon plus grand soulagement, parce que oui, je parle anglais, mais je suis et je reste québecoise... si vous saviez!

Sur ce, je vous dis à bientôt et cette fois, ça devrait prendre un peu moins de temps avant la prochaine fois!